La Civilisation des moeurs de Norbert Elias est le livre qui peut nous permettre de penser un au-delà de cette phase d’achèvement, à partir de la thèse paradoxale que l’évolution des moeurs est l’invariant des sociétés occidentales modernes
Éditeur | Calmann-Lévy |
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Année | 1973 |
Pages | 342 |
Taille du fichier | 135 MB |
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Tout comme son auteur Norbert Elias (1897-1990), La Civilisation des moeurs n’aura eu de reconnaissance que très tardive. Premier tome d’un ouvrage en deux parties, La Civilisation des moeurs paraît en Suisse en 1939 et passe totalement inaperçu. Il faudra attendre sa réédition en 1969 (et que Elias ait depuis longtemps, à 70 ans passés, terminé sa cahotante carrière académique !) pour que la communauté scientifique saisisse l’importance de cet ouvrage inclassable.
La civilisation à laquelle s’intéresse Elias n’est pas un fait, ou une entité (comme lorsqu’on parle de « civilisation occidentale »), mais un processus. Le point de départ de sa démarche est un constat historique : à partir de la Renaissance, les « moeurs », c’est-à-dire les manières de se tenir à table, de se moucher, de déféquer, la sexualité…, évoluent très rapidement vers un refoulement de leur aspect « animal » ou « pulsionnel ». L’étude d’« ouvrages de civilité » – qui constituaient, à la Renaissance, des sortes de manuels de savoir-vivre à l’usage de la classe dominante – montre, par exemple, que le crachat, auparavant considéré comme une pratique saine, est désormais perçu comme inconvenant et dangereux car il favorise les contagions. Le rapport à la nourriture, lui, se fait plus distant avec l’invention de la fourchette, qui remplace les doigts. La nudité recule, et la sexualité acquiert une dimension taboue : on ne doit pas en parler devant des enfants. Cette évolution des pratiques s’accompagne d’une évolution de la sensibilité, comme le montrent les sentiments de honte ou de dégoût que nous éprouvons désormais face à des pratiques « non-civilisés » qui, au Moyen Age, étaient banales. Ces réactions, vécues comme spontanées ou naturelles, sont en fait le produit de l’intériorisation de cette civilité moderne, elles sont une forme d’autocontrôle.
Xavier Molénat, Sciences Humaines
Mais la « civilisation » ne revêt pas la même signification pour toutes les nations d'Occident. On note surtout une grande différence entre l'usage que font de ce mot les Anglais et les Français d'une part, les Allemands de l'autre. Chez les premiers, il résume en un seul concept les sujets de fierté de la nation, les progrès de l'Occident et de l'humanité en général ; chez les seconds, c'est-à-dire dans l'usage allemand, le terme de « civilisation » désigne quelque chose de fort utile, certes, mais néanmoins d'importance secondaire : ce qui constitue le côté extérieur de l'homme, la surface de l'existence humaine. Quand l'Allemand entend se définir lui-même, quand il veut exprimer la fierté de ses propres réalisations et de sa propre nature, il emploie le mot « culture » (Kultur).
Norbert Elias (1897-1990) était un sociologue allemand connu pour ses travaux sur les processus de civilisation et les dynamiques sociales. Son œuvre majeure, La civilisation des moeurs (1939), analyse l'évolution des mœurs et des comportements en Europe depuis le Moyen Âge. Il étudie le lien entre contrôle des émotions, pouvoir étatique et transformations sociales. Redécouvert tardivement, Elias est aujourd'hui considéré comme une figure clé de la sociologie historique et des études sur la culture. Il meurt à Amsterdam en 1990.
Titre | La civilisation des moeurs Norbert Elias |
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Auteur | Norbert Elias |
Éditeur | Calmann-Lévy |
Date | 1973 |
Pages | 342 |
Pays | France |
ISBN | 9782702120361 |
Traduction | Pierre Kamnitzer |
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